L'armée suisse proscrit les messageries telles que Whatsapp mais aussi Signal ou Telegram lors des opérations de service, lui préférant une messagerie suisse.
Fin décembre 2021, l'armée suisse a envoyé un courriel demandant aux militaires d'opter pour la messagerie suisse Threema plutôt que d'utiliser d'autres solutions pour les communications sur des téléphones privés durant les périodes de service, a récemment dévoilé le quotidien suisse alémanique Tages-Anzeiger. Cette décision illustre ainsi que Threema présente un niveau de sécurité incontesté par rapport aux autres messageries électroniques proposées sur le marché.
Cette recommandation s'applique à l'ensemble des forces armées helvétiques, y compris aux conscrits qui viennent pour la première fois faire leur service militaire mais aussi à ceux qui reviennent pour les cours dits de répétition, a précisé Daniel Reist, le porte-parole de l'armée, interrogé par l'AFP. La question de l'utilisation des messageries se pose en particulier lors des opérations liées au Covid-19 pour soutenir les hôpitaux et le programme de vaccination auxquels peuvent être appelés à participer les conscrits, a-t-il déclaré.
Une meilleure sécurité que les autres messageries électroniques
Déjà utilisée dans les administrations publiques en Suisse, la messagerie Threema a été jugée plus sûre en matière de protection des données alors que d'autres messageries telles que WhatAapp sont, elles, soumises au Cloud Act, la loi américaine votée en 2018 qui permet entre autres à des juges américains d'ordonner l'accès aux données détenues par les opérateurs américains, même si ces données se trouvent sur des serveurs en dehors des États-Unis.
A la différence de messageries telles que Whatsapp, propriété de la société américaine Meta (anciennement Facebook), Threema n'est pas gratuite mais l'armée suisse va prendre en charge le coût de téléchargement de l'application qui se monte à quatre francs suisses par utilisateur.
Une meilleure protection de la sphère privée pour les utilisateurs
Basée à Pfäffikon, dans le canton de Schwytz, au sud de Zurich, la messagerie instantanée Threema est conçue pour générer le moins de données possible sur les utilisateurs, indique-t-elle sur son site. Les communications sont cryptées de bout en bout et les utilisateurs n'ont pas besoin de lier leur identifiant à un numéro de téléphone ou à un e-mail, précise l'entreprise suisse qui revendique 10 millions d'utilisateurs, dont 2 millions pour son service de messagerie destiné à être utilisé dans un cadre professionnel.
Lancée fin 2012 par trois jeunes ingénieurs en informatique, la première version de la messagerie avait vite rencontré une forte demande, rassemblant rapidement quelque 250'000 utilisateurs. Mais une série de révélations l'année suivante, dont le programme de surveillance Prism dévoilé par Edward Snowden ou le scandale autour des écoutes du téléphone portable de la chancelière allemande Angela Merkel, avait fait bondir le nombre d'utilisateurs avant d'exploser en 2014 lorsque Facebook avait racheté Whatsapp.
En 2016, Threema avait lancé une version professionnelle de sa messagerie, utilisée notamment par des institutions publiques mais aussi par de grandes entreprises telles que Daimler, Bosch ou Thysenkrupp. Quelque 80% de ses utilisateurs se situent en Allemagne, en Autriche et en Suisse.